La production en France et en Espagne
En
France comme en Catalogne, d'un point de vue réglementaire,
les lisiers doivent être stockés dans une fosse étanche.
La capacité minimale de stockage des déjections doit être
de 4 mois, et suffisante pour contenir les déjections pendant
toute la période où elles ne peuvent pas être épandues dans
des conditions environnementales convenables.
En France,
La Bretagne produit plus de la moitié du cheptel porcin
de France représente 58 % (soit 11 millions de têtes par
an) de la production porcine française en 2014, avec les
départements des Côtes-d'Armor et du Finistère comme premiers
producteurs.
Elle se trouve aujourd'hui confrontée au problème de la
pollution par les déjections animales.
Depuis quelques années un certain nombre de recherches sont
entreprises pour valoriser le lisier de porcs de plus en
plus abondant, en particulier au sein de l'AVDA, l'Association
pour la valorisation des déjections animales.
Créée en 1990, cette association a pour objectif la mise
au point d'une unité de traitement du lisier de porcs avec
valorisation des éléments fertilisants.
En effet, bien que le lisier soit un excellent engrais,
il ne peut être écoulé dans sa totalité par épandage. C'est,
de plus, une source importante de nuisances olfactives,
de micro-organismes et parmi d'autres, de pollution azotée.
Face au problème posé par les énormes quantités de matière,
il est recommandé aux éleveurs de réduire les apports d'engrais
que les sols, d'ailleurs, ne peuvent plus accepter.
Il devient impératif de trouver une alternative pour l'utilisation
de ce lisier.
En Bretagne, une vingtaine de procédés d'épuration totale
ou partielle sont à l'essai.
Le système proposé par l'AVDA consiste en un traitement
physico-chimique par précipitation du phosphate ammoniaco-magnésien
à partir de l'azote ammoniacal contenu dans le lisier.
Ce traitement se fait en deux étapes.
-
Tout d'abord la séparation à l'aide d'une centrifugeuse
des matières fermentescibles, liquide et solide, puis
la précipitation par réactifs du phosphate ammoniaco-magnésien.
-
Le mélange obtenu est agité pendant deux heures environ
avant de décanter.
Le produit résiduel obtenu fertilisant et inodore a l'aspect
d'une poudre quasiment blanche, composée à 40% de matière
sèche.
Ainsi transformé, il peut être alors réincorporé dans un
engrais de synthèse. Une étude est actuellement en cours
à l'Institut technique des céréales et fourrages pour mesurer
très exactement l'efficacité réelle du produit.
Le liquide restant qui ne peut être rejeté mais peut, en
revanche servir à l'irrigation.
Un traitement particulier par "osmose inverse" vient d'être
mis au point pour le rendre plus pur grâce à une machine
spéciale fabriquée par la société allemande Rochem.
Le système utilisé est un filtre composé d'une membrane
semi-perméable. L'eau est pompée sous pression dans un séparateur
à membranes où elle s'écoule à la surface de celles-ci.
Le flux aqueux se partage en deux parties : le perméat,
ou filtrat, qui traverse les membranes, et le rétentat ou
concentrât.
Ce processus permet la concentration dans le rétentat des
matières contenues dans l'eau et qui n'ont pu traverser
la membrane.
Selon Franck Cadoret, le technicien de la SAUR qui pilote
le projet : "ce système est aujourd'hui l'un des plus innovants
car il ne détruit pas le lisier, et de plus, il est modulable
pour l'agriculteur." Le problème le plus important est,
en effet, le surcoût d'un tel procédé.
En Espagne
L'Espagne, qui bat tous ses records de production, a abattu
47,2 millions de porcs en 2014, elle a battu son record
de production essentiellement lié au développement des grands
groupes d'intégration privés. Une
hausse de 4,4 % de la production en 2014 confirme largement
la deuxième place de l'Espagne au sein des pays producteurs
de porcs de l'UE, qui devient aussi le 4e pays producteur
au monde, après la Chine, les États-Unis et l'Allemagne.
L'interprofession espagnole calcule que le secteur porcin
génère aujourd'hui 175 000 d'emplois directs et 2 millions
d'indirects.
L'enquête cheptel annuelle des bassins européens laisse
présager une hausse au moins aussi soutenue pour 2015. Le
troupeau reproducteur a en effet augmenté de 5 % en décembre
2014 par rapport à 2013, la plus forte hausse parmi tous
les pays d'Europe. L'environnement
reste le principal obstacle au développement.
Forts des résultats corrects des dernières années, les groupes
d'intégration poursuivent leur croissance sans apparemment
beaucoup d'entraves, à l'exception d'un problème majeur
de gestion des lisiers.
L'Espagne s'était engagée dans des investissements de traitements
il y a quelques années, essentiellement au travers de stations
biologiques.
Mais à l'époque, l'État aidait financièrement ces projets.
La crise financière qu'a traversée le pays a mis fin à ces
aides et les projets se sont arrêtés, l'essentiel du lisier
restant aujourd'hui épandu sur les terres.
Ce qui pousse le développement des élevages davantage vers
l'Est, moins « chargé » en porcheries.
Le problème des odeurs de lisier : quelle technique
de réduction des odeurs ?
Les
odeurs désagréables
du lisier sont produites par la décomposition de matières
organiques en l'absence d'oxygène.
On en a identifié plus de 150 composés rien que dans
le lisier de porc.
1.
Niveau d’odeur et émission de différents gaz dans les bâtiments
- 1.1
Niveau d’odeur
Des analyses effectuées à partir de prélèvements de gaz
à l’intérieur des bâtiments d’élevage ont permis de déterminer
et de quantifier une trentaine d’espèces odorantes dont
principalement l’hydrogène sulfuré, les mercaptans, l’ammoniac,
les acides gras volatils et le phénol.
L’élevage porcin se révèle donc particulièrement malodorant,
mais il faut relativiser car le niveau d’odeur dépend
étroitement de la ventilation (plus un bâtiment est ventilé
moins la concentration en espèces odorantes dans le bâtiment
est importante).
L’odeur paraît moins importante lorsque le lisier ne reste
pas accumulé sous les caillebotis d’une bande à l’autre.
- 1.2
Les composés soufrés
Ceux-ci sont essentiellement issus de la décomposition
des protéines de l’aliment.
- 1.3
L’ammoniac
L’ammoniac peut également être en concentration importante
dans les élevages de porcs.
En d’autres termes, ce n’est pas nécessairement parce
qu’il y a beaucoup d’ammoniac que l’odeur sera plus insupportable.
C’est pourquoi on attribue à l’ammoniac un rôle dans l’odeur
de fond des élevages.
- 1.4
Les acides gras volatils et les phénols
Les AGV et les phénols rentrent aussi dans la composition
de l’odeur, mais il a été noté que l’apparition du phénol
était plus tardive encore que celle des autres composés
odorants.
Les AGV proviennent de la décomposition des fibres végétales
et en toute logique leur production augmente tout au long
de la croissance des animaux.
2.
Traitement des lisiers par additifs
De
nombreux produits utilisés en traitement ou en prévention
de la formation des odeurs sont apparus sur le marché depuis
quelques années. Ces produits ont souvent l’avantage de
permettre la liquéfaction des lisiers. Cependant leur mélange
parfait avec le lisier est souvent délicat d’autant que
la forme rectangulaire de beaucoup de fosses ne facilite
pas l’homogénéisation.
2.1
Des produits chimiques
Des
produits chimiques peuvent être inclus dans le lisier durant
le stockage en fosse. Ils sont généralement classés dans
la catégorie des oxydants puissants ou des désinfectants,
et permettent la transformation des molécules responsables
des odeurs en composés moins odorants ou inodores.
Les désinfectants altèrent ou suppriment l’action des bactéries
responsables des odeurs.
Les oxydants dégradent par oxydation les protéines bactériennes.
Le permanganate de potassium, ainsi que le peroxyde d’hydrogène
sont les agents oxydants les plus utilisés. Mais d’autres
agents peuvent être cités comme le chlore qui est un oxydant
des sulfures et des mercaptans ou la chaux qui peut stabiliser
le lisier par effet alcalin. Par contre,l’inconvénient de
ce dernier produit est le dégagement d’ammoniac.
Le problème essentiel de ces produits est leur incorporation
dans l’effluent à traiter.
2.2
Des agents masquants - Ou
le lisier: quel parfum choisir ?
Des nouvelles techniques permettent aujourd’hui d’améliorer
les pratiques d'épandage qui ne sont pas toujours
en "odeur" de sainteté auprès du voisinage.
Fraise, banane, vanille, kiwi, mangue ou ananas : les déjections porcines se mettent à embaumer un parfum
de fruits exotiques qui donne "une sensation de fraîcheur".
A la plus grande joie des riverains et des agriculteurs
!...
Les
agents masquants sont des mélanges d’huiles aromatiques
et ont une odeur particulière, souvent inverse, se superposant
à l’odeur désagréable du lisier.
Les agents masquants agissent sur la perception des odeurs
mais n’ont aucun effet sur la source même de l’odeur.
Ce sont le plus souvent des terpènes, des alcools, des aldéhydes
ou des esters.
Ces produits sont utilisés lors de l’épandage du lisier.
L’efficacité du produit dépend de la dose apportée,
celle-ci étant elle-même fonction de la nature de l’effluent,
du volume d’effluent à traiter, de l’intensité des odeurs
(notion subjective), du mode de stockage et d’évacuation
et de la qualité du mélange avec le lisier. Ces produits
ne couvrent pas l’effet rémanent des odeurs après épandage.
Le produit utilisé ne doit pas avoir d’effets défavorables
sur le milieu récepteur (absence de toxicité vis à vis de
l’écosystème récepteur).
2.3
Des agents bloquants
Les agents bloquants sont aussi des mélanges d’huiles aromatiques,
qui annulent ou neutralisent les émanations malodorantes
des déjections.
L’intensité odorante du mélange agent bloquant/lisier doit
être moins forte que celle du lisier seul, et ce mélange
ne doit pas être volatil.
Certains aldéhydes peuvent extraire les composés soufrés
et azotés des gaz provenant des lisiers.
L’usage de tels produits nécessite un mélange intime avec
le lisier : l’efficacité du traitement est liée au bon contact
entre le lisier et l’agent bloquant.
Des produits autres que les aldéhydes sont utilisés tels
le mono et dichlorobenzéne, l’ozone.
Les produits de ce type bloquent les sites de perception
sensorielle (narcose).
2.4
Des produits biologiques de traitement « bactériens et
enzymatiques »
Ces produits permettent l’élimination des odeurs après accélération
du processus de décomposition biologique, en favorisant
l’hydrolyse du lisier. Ils se présentent sous forme solide
ou lyophilisée, ou sous forme biofixée.
Ils peuvent être utilisés directement dans les fosses de
stockage,ou encore sous les caillebotis.
Ce type de produit semble donner satisfaction, à condition
de bien respecter les modalités d’emploi (ensemencement
initial, apports réguliers, homogénéisation parfaite, pH
et température du lisier).
2.5
Le traitement des lisiers par aération
La désodorisation par aération consiste à introduire de
l’air dans le lisier afin d’oxygéner le milieu et de limiter
les fermentations anaérobies à caractère putride.
L’aération est faite soit par des aérateurs de surface soit
par des injecteurs placés en fond de fosse.
Ce type de traitement est assez bien connu dans la filière
porcine.
Selon le CEMAGREF, il permet une réduction des odeurs de
70 à 80 % avec un traitement journalier, mais il y a d’importantes
pertes d’azote par volatilisation d’ammoniac (de 20 à 50
%).
2.6
Le traitement biologique du lisier
Il
existe une unité de traitement de lisier conçue et
en application selon ce procédé.
Après une phase d’homogénéisation, le lisier est envoyé
vers un séparateur de phases.
-
La phase solide est stockée et compostée.
-
La phase liquide est dirigée vers un bassin où ont lieu
les réactions biologiques.
Dans
ce réacteur, l’alternance des phases aérobies et anaérobies
permet le traitement du lisier par nitrification-dénitrification.
Enfin, une décantation permet de séparer les eaux qui serviront
à l’irrigation et les boues sont épandues.
Il s’agit là d’un traitement qui nécessite un investissement
lourd qui ne se justifie, selon les promoteurs de ce type
de traitement,qu’à partir de 4 000 m3 de lisier par an.
Le problème des odeurs de lisier : La
méthanisation en continu
Les
matières organiques entrantes de nature plus ou moins liquide,
dites substrats, peuvent être de différentes origines :
- agricoles,
-
industrielles
-
communales,
- animales
ou végétales, brutes ou transformées.
La méthanisation permet de digérer la plupart des matières
organiques (excepté les produits ligneux tels que les branchages).
Il existe plusieurs techniques de méthanisation :
-
un système dit « batch » avec un chargement et un déchargement
séquentiels ; un système dit
« piston » permettant une avancée progressive de la matière,
-
un système en infiniment mélangé, le plus courant.
Dans
ce dernier, les matières vont être introduites par des pompes
et des trémies dans la cuve de digestion. Un système de
brassage va permettre d’avoir un mélange homogène, d’éviter
la formation de croûte en surface et de faciliter le dégazage.
Le digesteur va être chauffé à 36-42°C (système mésophile,
cas présenté ici) ou à 48-55°C (thermophile).
Le temps de séjour des matières dans l’unité est d’environ
40-60 jours.
Les teneurs en azote ou phosphore ne sont pas réduites par
le procédé de méthanisation.
Le biogaz est composé majoritairement de méthane (45-60
%) et de dioxyde de carbone (40-50 %).
Il contient aussi de l’hydrogène sulfuré, très corrosif
et dangereux. Ce dernier est épuré grâce à l’injection d’un
petit débit d’air directement dans le ciel gazeux du digesteur.
Ce biogaz peut alors être valorisé selon différentes techniques
: dans un moteur de cogénération (production d'électricité
et de chaleur) ou brûlé en chaudière, épuré pour être injecté
dans le réseau de gaz naturel ou utilisé comme gaz-carburant.
Investissements pour une unité de méthanisation/biogaz
Un
coût variable d'investissement.
Le
coût d'une installation est très variable selon sa taille
et sa configuration. Il est possible de mieux estimer cette
somme grâce aux exemples d'installations existantes. Les
tarifs baissent pour des installations plus importantes.
Globalement, une installation requiert un investissement
compris entre 200 000 et 800 000 euros.
L'investissement
dépend de la taille de l'installation.
Voici
une idée de répartition des coûts :
-
Études préalables:
- ·
Diagnostics : 2000 - 3000 €
- ·
Études de faisabilité : 5000 - 10 000 €
-
Démarches administratives:
- ·
Autorisation : 15 000 €
·
Permis de construire : 5000 €
-
Réalisation:
Puissance
électrique
|
Investissement
par kW électrique
|
Investissement
total
|
30
kW électrique |
7500
- 8500 €
|
240
000 €
|
100
kW électrique |
4000
- 6000 €
|
500
000 €
|
500
kW électrique |
3500
- 5000 €
|
2
000 000 €
|
1
MW électrique |
3000
- 4500 €
|
3
000 000 €
|
-
Aides: · En fonction de la qualité du projet, l'ADEME,
les collectivités territoriales, l'Europe, peuvent financer
une partie de projet
Exemple
d'investissement agricole:
Aménagement
du site |
55
000 €
|
Réception
et gestion des substrats |
95
000 €
|
Digesteur
du biogaz |
345
000 €
|
Valorisation
du biogaz |
300
000 €
|
Valorisation
de la chaleur |
45
000 €
|
Automatisation
et équipements de mesures |
45
000 €
|
Ingénierie |
15
000 €
|
Le nouveau procédé
dans la lutte contre les odeurs du lisier (en développement)
le
tout nouveau Système
P.T.C. (Pollution Trap Concept) est en étude.
D'ores et déjà, ont peut affirmer qu'il
sera d'une avancée écologique majeure.
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