Les
changements de monnaies de Charlemagne à nos joursLe
1er janvier 2002 sera la date de la disparition du franc. L'euro circulera seul
dans l'ensemble des pays de l'Union monétaire européenne. A la veille de ce grand
événement il est intéressant de rappeler les principales réformes monétaires qui
ont marqué l'histoire de notre pays depuis le Moyen Age. . Une
première étape à l'époque de Charlemagne qui abandonne, le système monétaire romain.
En 781, l'empereur décide d'unifier son Empire et de remplace toutes les anciennes
pièces par une monnaie nouvelle. Il crée un nouvel étalon emprunté aux mesures
de poids, la livre de 322,22 g, valant 20 sous de 12 deniers. Seul le denier en
argent est frappé et circule librement. Le sou et la livre ne sont que des monnaies
de compte. Quelques temps après, les successeurs de Charlemagne prennent le parti
de déléguer aux grands féodaux le droit de battre monnaie. Une multitude de pièces
disparates circulent alors. Afin
de limiter la multiplication de ces espèces, Saint-Louis, roi de France, introduit
dans son royaume un système monétaire unique avec la frappe du sou tournois d'argent,
surnommé le gros, car il est plus gros que le denier, et celle du premier écu
d'or en 1270. Mais cet écu n'est encore qu'une monnaie de présentation réservée
surtout à quelques dignitaires. La première pièce d'or à circuler véritablement
en France est le petit royal assis émis par Philippe IV le Bel en 1290. Au cours
de la Guerre de Cent Ans (1337-1453) les monnaies d'or ne sont frappées dans le
royaume de France que pour sauvegarder le prestige royal. C'est
sous le règne de Jean II le Bon, le 5 décembre 1360, qu'apparaît le franc pour
la première fois dans l'histoire de la monnaie française. Cette pièce d'or qui
représente le roi armé et à cheval est émise à l'époque de la libération du roi,
retenu prisonnier par les Anglais, ce qui explique le terme " franc " signifiant
" franc des Anglais ", c'est à dire libre. Le franc vaut une livre tournois. Il
est frappé jusqu'en 1385, date à laquelle il est remplacé par l'écu d'or de Charles
VI d'une valeur supérieure. Une
nouvelle étape est franchie sous le règne de Louis XIII en 1640 qui réforme le
système monétaire du royaume et crée pour ce faire une nouvelle pièce d'or le
louis et une nouvelle pièce d'argent l'écu ou louis d'argent. Le louis d'or supplante
progressivement la frappe de l'écu d'or qui, encore émis à Paris et en province
sous Louis XIV avec toujours l'appellation " au soleil " est supprimé en 1654. En
1690 commence la période des " réformations " ou surfrappes qui caractérisent
le règne de Louis XIV. Ces procédés destinés à financer notamment les guerres
et le train de vie de la Cour aggravent le déficit des finances du royaume qui
après la refonte générale de 1709-1715, ne retrouvent un certain ordre qu'en 1726.
Un nouvel écu " aux lauriers " est émis jusqu'à la Révolution. Il circule dans
les pays voisins de la France. A
l'époque de la Révolution (1789-1799) la France traverse une crise monétaire importante.
Des assignats ou billets gagés sur les biens confisqués à l'Eglise sont mis en
circulation et, leur valeur se dépréciant, sont supprimés en 1797. L'or et l'argent
manquent à cause des thésaurisations ; le prix du minerai de cuivre est élevé.
La fabrication de l'écu est suspendue d'avril 1794 à novembre 1795.Une grande
nouveauté voit alors le jour dans l'histoire de notre numéraire. Par la loi du
28 thermidor an III (15 août 1795) le franc devient notre monnaie nationale. Le
nouveau système décimal de poids et mesures mis en place est appliqué à la monnaie
en 1796. L'ancienne combinaison livre sou denier est abandonnée au profit d'une
nouvelle unité monétaire, le franc, divisé en dix décimes et cent centimes. La
première pièce décimale de 5 francs est émise et restaure la confiance. L'existence
légale du franc est confirmée par la loi du 7 germinal an XI (27 mars 1803), promulguée
le 17, qui définit sa valeur métallique (5 grammes d'argent au titre de neuf dixièmes
de fin) et le rapport or-argent décidé par Napoléon. La pièce de 1 franc est frappée
à l'effigie de Bonaparte. C'est le franc germinal. Parallèlement le billet réapparaît
en 1800 avec la création de la Banque de France. Il
faut noter que jusqu'au franc germinal 1795 les réformes successives ont toutes
eu pour objet de simplifier et d'unifier avec plus ou moins de succès les signes
monétaires. Il est certain que jusqu'à cette date les Français ont été soumis
à des changements fréquents et ont dû s'adapter à une situation où coexistaient
des monnaies différentes et variées. Le
franc est frappé durant tout le XIXe siècle et garde une certaine stabilité jusqu'au
début du XXe siècle. Au début de la première guerre mondiale, le 5 août 1914,
l'Etat pour sauvegarder la monnaie institue le cours forcé du billet de banque
et retire l'or de la circulation. Les émissions de pièce d'argent sont plus nombreuses
mais vite thésaurisées. La fabrication des petites espèces devient insuffisante.
Des " monnaies de nécessité " gagées par la Banque de France sont émises dès 1915.
Il s'agit de jetons métalliques, de petits billets ou de timbres enfermés dans
une capsule. La frappe de l'argent continue dans l'Entre-deux-guerres. Mais les
métaux les plus utilisés sont le nickel, l'alliage de bronze aluminium et le bronze
nickel. Le
franc connaît des périodes de précarité sous la Troisième République. Après la
crise des années 1924-1926, Poincaré parvient notamment à le stabiliser en 1928.
Mais sa valeur se dégrade encore, progressivement, sous la Quatrième République
et nécessite la réforme monétaire mise sur pied en 1958 par le Général de Gaulle.
Une ordonnance du 27 décembre de cette même année crée un nouveau franc d'une
valeur égale à 100 anciens francs. Ce système monétaire est celui que nous connaissons
encore pour bien peu de temps, jusqu'au 1er janvier 2002…. ©
Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie - 05/2001 |