La légende de Saint Georges
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Région Haute Normandie



 

La colonisation VIKING

A partir du VIIIe siècle, les vikings ont sillonné les mers. Ils ont découvert le Groenland, sont allés jusqu'en Amérique, ont colonisé et peuplé de nombreuses iles comme les Féroés, les Shetlands, l'Islande, pillé l'Irlande, mis la France à  feu et à  sang. Dans la sauvage Russie, ils se sont assis sur le trône des tsars.

Il ne subsiste désormais qu'une légende incompléte et trompeuse sur les vikings que l'on a trop souvent considéré comme des barbares..
Ne retenant des rudes guerriers surgis de la mer que l'image des barbares païens avides de sang, la mémoire des hommes oublie, du même coup ce que le monde leur doit : la découverte de routes commerciales, la création de villes marchandes comme Novgorod et Smolensk en Russie, lédification d'Etats d'un type totalement nouveau, efficaces et réalistes comme la Russie de Kiev et en ce qui nous touche de plus près le duché de Normandie, dont le premier duc fût Rollon en 911.

Parmi ces Viking, Vieul AUX EPAULES (Vieul SCHE SULKEN) Seigneur Sainte Marie du Mont. Nom danois ou vieux germanique, qui signifie AUX EPAULES, est un ancêtre de la famille (branche BOULIGNY).
Voir la descendance de notre Viking

Sans doute avait-il les épaules trés larges.
Vers l'an 900, sur la côte Est du Cotentin, une flotille de drakkars fut prise dans une tempête à quelques encâblures de la plage et sans doute aussi déportée du lieu où Vieul avait décidé de jeter sa troupe.
Le chef viking jura de se faire chrétien si le salut lui était accordé ainsi qu'à tous les siens.
Nous savons qu'il en füt de même pour d'autres vikings en Irlande par exemple.
Son serment fut accepté et les drakkars vinrent échouer dans le Vey, l'actuelle chapelle de la Madeleine, proche de la plage n'est pas celle qu'il fit bâtir pour y être baptisé. Mais il y a des vestiges trés anciens dans le petit cimetière qui l'entoure.
Serait-ce ceux de cette antique chapelle ? Son écusson était : de gueules à un gonfanon antique à deux pendants d'or. Il fit bâtir un fort à Sainte-Marie, sur les bords du Vey, qui existait encore vers 1710, ou un peu plus tard.


Le drakkar

Les Viking en Normandie

Les premières attaques venant de Nordmannia (Scandinavie avant de devenir au Xe siècle, le nom de Normandie) ne commencèrent que vers 840.
L'eglise, devant l'afflux des pillards païens, avait fait ajouter au Notre Père : "...et délivrez-nous, Seigneur, de la fureur des Normands, Ainsi soit-il"

Mais les vikings n'étaient pas que des barbares, ils appartenaient au contraire à  une civilisation à  bien des égards supérieure à  celle des contemporains de par leur organisation (institutions, législation, organisation militaire particulières et fort bien structurées).
Depuis la mer d'Irlande, les norvégiens lançaient des expéditions vers le sud, contre les côtes du royaume franc, du Cotentin à  la Gironde.

Dans le douaire de la duchesse Judith, datant de 1024, nous trouvons mention de districts aux noms scandinaves dans le Nord-Cotentin : Haga, Sarnes et Helgenes. Le premier se comprend aisément, il s’agit de la Hague. Le second signifie « Pointe de Saire », soit le nom scandinave du Val de Saire ; un cap est un élément de paysage plus évocateur pour ces marins. Il y a d’ailleurs sur Réville un lieu-dit appelé la Croix au Sarnais ! Enfin, le Helgenes (prononcer : Hélgueuness) signifiant le «cap de Helgi » ou le « Cap sacré » désignerait le Cap de Flamanville. Le nom de personne scandianve Helgi est d’ailleurs attesté dans le secteur par deux noms de lieux : Herqueville et Herquemoulin. Enfin, Fernand Lechanteur pensait que le nom du Bauptois était issu du scandinave belt ou belti désignant une ceinture ; cette région est effectivement une ceinture de terrain bordée par les marais coupant la base de la Presqu’île. Quant au Plain, c’est un nom d’origine romane et la forêt de Brix couvrait alors une partie de la presqu’île (Carte G. Bernage, Heimdal).

Mais, comme il a été signalé, chaque secteur de la Normandie a eu son histoire de la colonisation.
Ainsi, en Cotentin, et dans l’ouest du Bessin, une immigration partielle a lieu vers 890.
Par ailleurs, deux vagues scandinaves arrivent dans la Presqu’île du Cotentin. Tout d’abord, l’armée qui vient de l’est pour prendre Saint-Lô et ravager la région mais aussi d’autres colons venus par le nord-ouest, passés généralement par l’Irlande.
Les noms de lieux scandinaves sont très nombreux en Cotentin, et dans les îles, et très peu de noms de lieux gallo-romains en akon (voir carte) subsistent, balayés en grande partie.
Pour ce secteur, les sources historiques sont très faibles mais la toponymie reste un bon témoignage.
Elle montre des influences danoises mais aussi iro-norvégiennes (Norvégiens passés par le Nord de l’Ecosse et par l’Irlande), comme certains noms de lieux l’attestent, irlandais avec Dicuil dans Di­gulleville, Valkan dans Valcanville, Kined (actuellement Kenneth) dans Quinetot et Quinéville, ou écossais comme Duncan dans la rue Doncanville.
Enfin, le nom irlandais Niál (Neil à l’époque moderne) a été adopté par les Norvégiens sous la forme Njáll, devenu très populaire jusqu’en Islande, et en Cotentin.
On le trouve dans plusieurs noms de lieux du Cotentin : Néhou, (Nigelli hulmus au XIIe siècle, Nealhou en 1195 - soit “la terre entourée d’eau - holm - appartenant à Njál”) mais aussi Saint-Jacques de Néhou, à proximité. Le nom de famille Néel, héritier de ce nom d’homme scandinave, est bien attesté en Normandie.
Ainsi, le Cotentin a été une solide base pour des armées et des bandes de Vikings, qui s’y sont durablement installés, sans accord particulier car loin du pouvoir carolingien.
La toponymie montre que tout ce secteur a été colonisé en profondeur.
Quant au Bessin (annexé en 924 à la Normandie) où les noms de lieux gallo-romains restent nombreux, il fut colonisé proba­blement un peu plus tardivement, avec l’arrivée (d’après la Chronique anglo-saxonne) de l’armée du Jarl Thorketil en 917 (ou 918), ayant quitté la région de Bedford, dans le Danelaw, pour des raisons inconnues. Le Bessin avait déjà été colonisé par les Saxons, qui ont laissé des traces dans la toponymie.
Cette vague scandinave correspond, de toute évidence, à une coulée de noms en “tot” (Putot, Lintot, Hottot, Ectot, Hectot, Pitot, Tournetot, Bitot, Cristot, Sermentot, Beltot, Lictot, etc.).
Cette armée de Thorketil occupera probablement aussi un quartier au sud de Bayeux (le bourg de Turold) si bien qu’au début de l’armée 943, après l’assassinat de son père Guillaume Longue Epée le 17 décembre 942, le jeune Richard Ier, qui n’a encore que dix ans revient tout juste de Bayeux où il est allé apprendre le scandinave auprès des anciens de l’armée de Thorketil, car on ne le parlait plus à Rouen, qui était restée une cité carolingienne et qui a pourtant commercé activement avec les Vikings jusque vers 1020 ; d’où la nécessité de parler le scandinave.

 

  Cette carte montre l’implantation scandinave en Normandie après l’étude des noms de lieux.
La ligne Joret portée sur cette carte montre que l’essentiel des établissements nordiques se trouve dans le secteur « normanisant ».
On remarque deux pôles de l’implantation scandinave : la Basse-Seine (Pays de Caux et Roumois) et le Cotentin.
On trouve un autre secteur de forte implantation sur toute la côte du Calvados et plus particulièrement sur la partie nord du Pays d’Auge, dans la vallée de la Dives, dans l’Ouest de la Plaine de Caen et dans le Sud-Est du Bessin.
L’actuel département de l’Orne qui était très peu peuplé à l’époque, com­me le montre la fai­ble densité de toponymes gallo-romains, présente aussi des noms scandinaves, dont celui d’une région, Le Houl­me, présents surtout dans la microtoponymie, com­me les travaux de Guy Chartier, publiés dans les numéros 1 et 3 de Patrimoine Normand, ont pu l’établir (© Heimdal).

Le nord du Cotentin, isolé et sans grand intéret pour les rois carolingiens était fortement colonisé par les scandinaves qui y avaient contrecarré l'autorité bretonne.
L'immigration lente et paisible des scandinaves fut le fait d'entreprises isolées, faites essentiellement des norvégiens qui trouvaient des terres à  prendre individuellement, dans la Hague et le Val de Saire, loin des expéditions meurtrières.
Ces derniers tombèrent, en 933, sous la coupe des Danois de Rouen.

C'est probablement dans ces conditions que débarqua Vieul SCHE SULKEN dans le Cotentin.

Un nouveau peuple issu du sang scandinave commence à s'affirmer. Un peuple qui à son tour, inquiète l'Europe : les Normands.

En 1065, Guillaume de Normandie fait voile en direction de l'Angleterre. Les vikings sortent de l'histoire, ils entrent dans la légende, une page est tournée, une autre vient de commencer.

La distribution géographique de l'établissement scandinave en Normandie comporte deux pôles : le pays de Caux et le nord du Cotentin.
C'est dans ces deux régions que l'influence nordique a été la plus forte, l'une essentiellement danoise, l'autre norvégienne.




L'établissement scandinave en Normandie a toujours été guidé par l'intéret. Tout ce qui menait à  la réussite convenait aux vikings et ils parvinrent avec beaucoup d'ingéniosité et une grande capacité d'adaptation.

La souplesse de l'esprit viking, puis de l'esprit normand, jusqu'a  la fin du XIIe siècle, a ététait remarquable.
Loin de faire table rase, les vikings ont repris une bonne part de ce qui existait déjà  et l'ont complété ou amélioré par leurs propres traditions nordiques.
Un des traits essentiels de la colonisation aura été la fusion rapide et réussie entre Francs et Scandinaves, qui constitua en quelques générations, le peuple normand.

Cette colonie scandinave au milieu du royaume franc va s'étendre, conquérir et pacifier les régions de Lisieux d'Evreux, puis de Bayeux.
Le fils de Rolf, Guillaume à  la Longue Epée ralliera le Cotentin et l'Avranchin.
La petite colonie du début devient, d'abord sous les ducs Richard I et Richard II, puis sous leurs successeurs, un duché puissant, indépendant, où l'aristocratie dirigeante restera, pendant plus de 250 ans, d'origine scandinave, jusqu'a l'avènement en 1154, d'une nouvelle dynastie.