Le
mystère des Jacques RANCILHAC est enfin résolu
Nous
avons la certitude qu'un certain Jacques RANCILHAC, né
à Peyrusse vers 1694 est marié avec Marguerite GANILH
le 30 octobre 1721. Ce couple a eu deux fils prénommés Jacques
et aurait un
Jacques
Ferréol sur les sept enfants
que nous lui connaissons avec certitude.
Le
nœud du problème est le nombre de Jacques RANCILLAC
différents pour la même période sur les mêmes lieux, rendant
la tâche d’autant plus ardue que le seul à posséder un deuxième
prénom (ce qui aide souvent à différencier les personnes)
est Jacques Ferréol. Et encore, ce deuxième prénom n’est
pas mentionné sur tous les actes…
Entre 1660 et 1795, nous avons recensé à ce jour pas moins
de neuf individus portant ce même nom et prénom, tous originaires
de Peyrusse ou de ses proches environs.
Les actes de naissances portent bien souvent la mention
: Jacques, fils à autre Jacques.
S'il
devait subsister une suspicion sur l'identité du
Jacques
Ferréol décédé le
17 février 1819, époux de Jeanne
Delmas,
elle est déjà levée.
- Par
son acte de naissance :
Jacques
Ferréol, fils à Jacques Rancillac et à Marguerite Ganilh,
né le 29 mai 1731, baptisé le même jour. Parrain : Jacques
Nioncet ; marraine : Agnès Ganilh (soeur de Marguerite).
- Par
son acte de succession envers
Antoine RANCILLAC, son fils héritier né le 27 avril
1770 (acte de baptême relevé aux Archives Départemental
du Cantal, à Aurillac, au mois de novembre 2002).
Cet
acte notarié mentionne sans aucune ambiguïté possible
Jacques
Ferréol RANCILLAC,
et sa veuve Jeanne
DELMAS, qui décèdera le 17
mai 1822, âgée d'environ 80 ans
(donc née vers 1742).
Intéressant
sous plusieurs rapports, ce document énumère, entre autres,
le détail des propriétés de la famille RANCILLAC de Peyrusse,
en 1819 :
- un
champ d'une superficie de 5 septérées,
- un
autre d'une superficie d'une septérée et demi.
La
septérée est une ancienne mesure agraire d' Auvergne, équivalent
à 35 ares environ (3500 m2).
Les terrains familiaux ont donc une superficie totale d’à
peine 2 hectares et demi.
Cela correspond à la moyenne basse de ce que peut posséder
un petit laboureur.
Insuffisant pour survivre du seul produit de sa terre, il
devra louer ses services à d’autres cultivateurs mieux nantis.
C’est pourquoi les actes citent alternativement mes ancêtres
de Peyrusse comme laboureurs (propriétaires) ou
brassiers (journaliers).
Paysans du Cantal - fin du 19e siècle
Les choses se compliquent lorsque nous recevons de Corine
JEANJEAN, un acte de mariage de Jacques RANCILLAC avec Jeanne
DELMAS daté du 11 mai 1762 sur lequel on lit:
Jacques,
son époux, âgé d’environ 23 ans (né vers 1739) est fils
d’Estienne Rancillac et d’Anne
Vezin (ou Tezin, ou Vigier selon la lecture qui
fut faite de l’acte, celui-ci comportant une surcharge à
cet endroit).
En recoupant avec le contrat de mariage, le patronyme de
VEZIN semble le plus probable.
Bien entendu, IL NE CORRESPOND PLUS DU TOUT AVEC
JACQUES
FERREOL, reconnu jusque
là comme le père de Guillaume, puisque
ses parents sont différents et son âge mentionné au mariage
est de 8 ans plus jeune…
En
ce qui concerne Guillaume RANCILLAC, nous
nous trouvons confronté à un doute concernant ses parents.
A
la lecture des actes relevés aux Archives du Cantal, nous
les avions pourtant assimilés à
Jacques
Ferréol et à Jeanne
Delmas :
Guillaume
Rancillac, fils légitime à Jacques, laboureur du village
du Brus, et de Jeanne Delmas, son épouse.
Sur
le contrat
de mariage passé devant le notaire royal Maigne le 11
mai 1762, Jacques,
est le fils d'Estienne Rancillac et Anne Vezin,
L'église du Bru
Ca
et là, cependant, à la lecture des actes, certaines pistes
semblent se dessiner :
Côté
certitudes :
-
Jacques,
fils d'Estienne et Jacques
Ferréol seraient deux personnes
distinctes, puisques issus de parents différents d'après
les ecrits du Curé.
-
Jacques,
fils d'Estienne et Jeanne
Delmas ont eu un
fils prénommé Jean, né le 3 juin 1764
au Bru de Peyrusse. En effet, son parrain est Jean
Delmas, désigné sur l'acte de baptême comme
"grand-père maternel" et sa marraine, Anne
Vezin (ou Vigier, selon transcription),
"grand-mère paternelle".
-
Jacques
Ferréol et Jeanne
Delmas ont eu un fils prénommé Antoine,
né le 27 avril 1770 au Bru de Peyrusse, désigné comme
héritier à la mort de son père
(cf.
acte de succession de Jacques Ferréol)
Côté
fortes présomptions :
-
La
Jeanne
Delmas, femme de Jacques
fils d'Estienne et celle de Jacques
Ferréol, désignée comme sa veuve sur
les documents de 1819, me semblent être une seule et
unique personne, au regard des éléments suivants :
-
Agée
d'environ 80 ans à son décès en 1822 (fait
rare pour l'époque, si l'on considère l'espérance
de vie moyenne, évoquée au chapitre 5),
elle serait née en 1742 environ ;
-
Elle
a environ 18 ans à son mariage en 1764
avec Jacques fils d'Estienne et serait donc née
en 1744 environ.
Cette fourchette de deux ans pour sa naissance
n'est pas exceptionnelle, puisque certains actes
de la même période font apparaître des écarts beaucoup
plus importants.
Costume de paysanne du
Cantal - fin 19e siècle
Il
faudra maintenant vérifier scrupuleusement les éléments
nécessaires pour déduire que Jacques RANCILHAC et
Jacques Ferréol RANCILHAC sont une seule et même
personne.
Revenons,
si vous le voulez bien, sur ce fameux contrat de mariage de Jacques fils d’Estienne avec Jeanne Delmas,
établi le 11 mai 1762 par Maître Maigne, Notaire royal :
on
y lit -page 2, ligne 3- que Jacques
est légataire :
De
la somme de cent livres par le contrat de mariage d'Antoine
Rancillac, son frère, avec Jeanne Chauvet, reçu par le Notaire
royal soussigné (Maître Maigne)...
et,
plus loin -page 2, ligne 19:
A
constitué encore le-dit futur époux en la somme de soixante
quinze livres provenant de son pécule. Laquelle somme, il
a préféré leur payer et compter au-dit Delmas père...
Ces
deux sommes sont données en dot aux parents de Jeanne
Delmas.
On retrouve mentionnées à l'identique ces sommes dans l' acte
de succession de Jacques
Ferréol :
Que,
par ce décès, il lui est échu (à Antoine, fils héritier)
les biens meubles suivants:
Une somme de cent soixante quinze livres qui lui fut reconnue
par son contrat de mariage, reçu Maigne le 11 mai 1762
...
Dans
le contrat de mariage du 11 mai 1762, on lit -page 4,
ligne 3:
...
le futur époux ne sera tenu d'apporter ses gains d'hiver
qu'il fera dans les provinces étrangères...
Cette
petite phrase peut paraître anodine, mais elle nous apprend
que Jacques
fils
d’Estienne pratiquait (tout comme Guillaume, 40 ans
plus tard) la migration saisonnière.
Ce serait l’indice que Guillaume serait
son fils et qu’il aurait suivi les traces de son père vers
1800 ?
Il faut
admettre au vu des différents actes que le Jacques
RANCILHAC époux de Jeanne DELMAS et Jacques Ferréol
RANCILHAC sont une seule et même personne.
Le
seul acte portant suspicion est l'acte de naissance de Jacques
Ferréol ou le curé le mentionne fils de Jacques
et de Marguerite GANILH.
Nous
sommes persuadés, à l'étude des éléments
précédents, d'une erreur du Curé concernant
les parents de Jacques Ferréol et nous relevons que
la date de son décès à l'âge de quatre vingt
sept ans, neuf mois et dix neuf jours, fixe bien sa naissance
le vingt neuf mai mil sept cent trente un.
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